Notre père a toujours aimé les avions, le jour de son mariage ses parents lui avaient offert un petit avion, il en prenait régulièrement soin, nous vivions sur les côtés de la Floride, notre père était le seul à nous élever, notre mère avait pris la fuite quelques années plus tôt, pour rejoindre son premier amour en Australie. Nous avions quinze ans, nous étions jamais séparés, nous étions soudés comme les cinq doigt d'une main. Lui sans moi c'était impossible et moi sans lui ça l'était encore moins. Depuis quelques mois, notre père avait organisé une petite balade en avion. Tout se passait bien, alors que j'embêtais mon frère en lui parlant de sa petite-amie, j'ai entendu notre père ronchonnait, quelque chose ne fonctionnait plus au niveau des commandes de l'avion. Il y a un problème ? Notre père ne répondait pas et tentait de lancer un appel radio, cependant celle-ci ne cessait de grésiller. Je sentais bien que quelque chose n'allait pas et mon frère jumeau aussi, bien qu'il tentait de ne pas montrer son air inquiet, afin de ne pas me paniquer davantage. [...] En quelques minutes, l'avion était en chute libre, notre père tentait tout ce qu'il pouvait, mais nous étions en train de perdre de l’altitude, le sol n'était plus qu'à quelques mètres. Je fermais les yeux, mon frère me tenait si fort dans ses bras. Nous nous sommes écrasées sur une petite île privée dont j'ai oublié le nom et qui était déserte ce jour-là. [...] J'ai ouvert les yeux, je ressentais une affreuse douleur au niveau de mon bras droit, je saignais à la jambe, mais cette douleur ne m'importait peu, je cherchais mon frère du regard. Martin ! criais-je si fort. Je ne pensais qu'à lui, certes mon père devait agoniser dans son coin, je l'aimais, mais mon frère était toujours passé avant tout. Mar... Je venais de l'apercevoir, je me suis précipitée jusqu'à lui, alors que mes larmes ne cessaient de couler, je lui ai pris la main. Les secours vont arriver, j'en suis certaine. Je remarquais les multiples blessures sur son corps, il semblait faible, très faible. ... je t'aime ! Cela ressemblait à des adieux et mon frère était en train de les faire, je l'embrassais sur le front. Non, non ne me fais pas tes adieux, je ne peux pas vivre sans toi. Ses yeux se fermèrent, je serrai sa main encore plus fort, je posais ma tête sur son torse, continuant à pleurer toutes les larmes de mon corps, en arrière plan se trouvait mon père qui avait assisté à la scène et n'avait pas voulu s'approcher. Il était conscient qu'il allait devoir s'occuper de moi et me faire traverser la plus dure épreuve de ma vie.